Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Les entreprises doivent-elles distribuer des dividendes à leurs actionnaires?

Quand on sait que l’une des origines profondes de la crise est, depuis vingt ans, la part croissante des dividendes dans la répartition des richesses, au détriment des salaires et de l’investissement, poser la question c’est y répondre.

Ce n’est pas une question de morale. C’est une question de justice et de remise en cause du modèle capitaliste.

Ainsi, comment peut-on accepter que l’État, qui prête de l’argent public à des banques, n’exige pas en contrepartie qu’elles ne distribuent pas de dividendes?

Comment peut-on accepter que des entreprises annoncent des licenciements, le blocage des salaires, tout en continuant à distribuer des bonus aux dirigeants et des dividendes aux actionnaires?

Et dire que certains osent affirmer que les classes sociales n’existent plus!

Toutes ces questions, et d’autres, ne sont pas des questions de communication. Il ne suffit pas de faire une déclaration tout en laissant faire.

Car quelles sont les contraintes qui ont été imposées aux entreprises ces derniers mois? Aucune. Même sur les parachutes dorés, on attend de voir si elles vont adopter le… «code de bonne conduite» mis au point par le MEDEF.

Si, comme l’affirme régulièrement le président de la République, le «monde doit changer», il convient alors de prendre des décisions, y compris en France.

Tel est, par exemple, le sens de la proposition que nous lui avons faite la semaine dernière: si, selon le gouvernement, le plan de relance doit avoir un effet sur l’activité économique, alors il faut décider d’un moratoire (gel) des licenciements dans l’attente des effets du plan de relance.

Il convient également de contrôler les licenciements afin de ne pas accepter ceux venant d’entreprises qui profitent de la crise.

Il convient encore – ce que nous avons a priori obtenu – que le comité d’entreprise ou les syndicats soient informés de toute aide publique accordée à une entreprise et des engagements ou contreparties exigés.

Et si l’emploi est effectivement une priorité, il faut aussi geler les réductions d’effectifs dans la fonction et le service publics, c’est-à-dire stopper la RGPP.

Changer le monde? C’est maintenant qu’il faut commencer. Exiger d’être entendus sur les revendications, exiger une augmentation des salaires et des retraites sont des conditions indispensables.

Il y a bien des idéologues qui expliqueront que le pouvoir d’achat ne doit pas être la priorité compte tenu des problèmes d’emploi et de déficit! Ce sont les mêmes que ceux qui, déjà, opposaient l’emploi à la fiche de paye et qui se complaisent dans le système actuel.

Exiger, et obtenir, des augmentations de salaires, c’est remettre en cause ce qui est à l’origine de la crise: la déformation de la répartition des richesses au détriment des travailleurs.

Ces questions seront, pour Force Ouvrière, au cœur de la journée de grève interprofessionnelle et de manifestations du 29 janvier.

N’en déplaise à Mme Parisot et à M. Sarkozy, si les actionnaires ne manquent pas d’air, il y a un besoin d’air pour les salaires!

S’agissant de la grève, nous n’acceptons pas les récentes déclarations des pouvoirs publics pour durcir le service minimum. Ce serait, à n’en pas douter, un point de conflit supplémentaire.

   Jean-Claude Mailly      
Secrétaire général de FO

Tag(s) : #Confédération FO
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :